jeudi 26 avril 2007

Baby you can‘t drive my car


Par la Marquise de Lalala

Avec quelques R.E.R de retard, suis comme ça j’prends mon temps, j’ai enfin surfé sur la mystérieuse déferlante des baby groupes. Vous savez ces ados persuadés d’avoir inventé le rock en 2005, qui n’ont pas l’âge du permis de conduire, même pas celui de la conduite accompagnée pour certains (ça calme) et provoquent effervescence et polémiques jusque dans les rédactions les plus hypes de l’hexagone. Ça m’a pris comme ça, un soir, l’envie de savoir qui étaient les petits morveux qui trustaient les signatures des maisons de disques. Je décidai donc de m’embarquer pour un voyage intergénérationnel dans les méandres de myspace, où les étoiles côtoient les trous noirs et les naines blanches. Petit tour d’horizon.

Première étape chez les Plasticines. Là, j’avoue, obligée de sortir le Robert & Collins pour découvrir que les filles s’appellent : les pâtes à modeler…Bon pas de doute l’anglais c’est vachement plus sexy. Avant de démarrer un brainstorming épuisant pour trouver un éventuel sens caché, mon petit doigt me souffle de ne pas trop me prendre la tête sur la question. En visionnant clips et interviews, je suis frappée par le culot inouï de Katty chanteuse/guitariste/leadeuse du groupe malgré le vide intersidéral des textes « tu n’es qu’un loo (loup ? Lou ?) tu n’es qu’un looser » ou «Zazie fait de la bicyclette, bicyclette, bicyclette la nuit » et les copiés-collés de hits 70's - elles ont au moins le mérite d’avoir plutôt bon goût . On pressent que la gamine ira loin, l’humilité n’étant pas une valeur phare de notre société, et désolée de vous l’annoncer : ça risque fort de ne pas s’arranger. Se dégagent pourtant de l’ensemble une énergie indéniable, une maîtrise de la mèche et des riffs de guitare, pas trop compliqués quand même. Les filles ont bossé un minimum et savent ce qu’elles veulent. La petite Zazie, batteuse du groupe et comme par hasard la moins canon de l’équipe - on va encore dire que j’ai mauvais esprit - a d’ailleurs été remerciée par ses copines pressées de réussir. Pas assez solide dans son jeu paraît-il...On parle de coup marketing, de filles façonnées par les maisons de disques, c’est accorder beaucoup de crédit et d’imagination à des gens qui en manquent cruellement. La vérité est bien plus simple (pire ?), ces gamines ont parfaitement intégré les règles du jeu du succès dès leur plus jeune âge. Elles posent comme les vrais-faux mannequins de Muteen, balancent leurs chansons et les inepties comme des pros. Chapeau !

Pendant masculin des Plasticines , en dehors de l’âge, des références et de l’ambition, les deux groupes ont comme point commun de se comparer aux Beatles, les Naast déboulent lunettes fumées et costards classieux. Les gosses sont beaux, la voix exaspérante et l’intérêt artistique proche du néant malgré des textes un poil moins plastoc que les girls. Afin de parachever sa légende de bad boy, le chanteur aurait planté une fourchette, en plastique justement -arme de prédilection des bandes de Joinville-Le-Pont dont le groupe est originaire ; le ministère de l’intérieur planche sur le sujet - dans l’œil d’un musicien d’un baby groupe « concurrent » ; ah c’est comme ça qu’on dit ? Ca fleure bon l’esprit Peace and Love si caractéristique de notre époque. « Si vous n’aimez pas les Naast vous êtes vieux » affirme Newcomer, certainement sous la plume d’un trentenaire complexé. Ouais ben on va dire ça comme ça alors, je dois vraiment être TRES vieille. Ou pas assez pour goûter au plaisir du revival 60’s ?

L’aspect pratique des baby groupes c’est qu’ils se connaissent tous, vous les repérez donc facilement. Ainsi, j’ai découvert les Shades dans le « top friends » des Plasticines ; le top friends = sorte de vitrine permettant d’afficher l’excellence de vos goûts musicaux et la valeur de votre réseau sur votre page myspace. Pas folles, les baby guêpes ont vite compris qui étaient les loosers et la nécessité de bien choisir leurs amis. Parce que les Shades c’est Le baby groupe à aimer, la jeune étoile de la galaxie Tricatel qui ne mettra pas des années-lumières à vous éclabousser de son talent.

Incandescents, débordant de sensibilité et d’énergie incontrôlable, la différence avec les autres ne tient pas à grand-chose en apparence, mais elle existe dans le moindre détail parce que ces petits gars ont vraiment un truc à dire. Il y a déjà quelque chose de déglingué et d’incroyablement touchant dans le propos. Ici les chansons tiennent largement la route, comme quoi pas besoin de permis, et donnent envie de les suivre un bon moment. Les textes affûtés et les musiques abouties sont un vrai régal. Oublié l’âge, oublié le pseudo concept marketing, je me repasse en boucle « Orage mécanique » et « le prix à payer ». Même ma mère en raffole, il faut dire que c’est de son âge, elle avait 20 ans en 1965…

Les plasticines, "Loser".


2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'apprécie ce blog, mais... z'étes tous en vacances ou quoi?

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci