Par Sigourney WoyalAu commencement, était le tennis… D’accord, jouons franc jeu dès le départ, il y a pléthore de sujets que je maîtrise nettement mieux que Yannick Noah... Mais j’avais envie de vous parler de lui, de lui faire un peu de pub, allons-y franchement, parce que, dit-on, il fait partie des bêtes noires (comme Thuram et sans jeu de mots) de Qui-Vous-Savez.
Alors Qui-Vous-Savez on va l’appeler Vous-Savez-Qui pour faire jeune et on va l’abréger à VSQ, même si ça ressemble à DSK mais avec un relent de… enfin VSQ parce que je n’ai pas envie de citer son nom, parce que ce n’est pas mon genre de critiquer nommément un type sur le Net pour que la Terre entière sache à quel point il sent mauvais. Je disais donc que Noah est une des têtes de Turcs de VSQ, comme le prouve la nouvelle affiche de campagne de VSQ :
Pour les tout-petits, il faut savoir que Yannick Noah, avant d’être bête noire et bête de scène, a d’abord été une bête de sport, le meilleur tennisman français de sa génération. Il a même gagné un tournoi du Grand Chelem, exploit jamais réitéré depuis chez nos garçons. Ensuite, il s’est converti en entraîneur efficace pour nous rapporter une Coupe Davis (ou plusieurs, je ne sais plus). Tout ça pour dire que la mère Patrie a eu un sacré bol que VSQ ait été trop jeune pour renvoyer « chez lui » le père de Noah, celui de Zidane, et tous ces gens, sportifs, ouvriers, comptables, professeurs, maçons, médecins, artistes, infirmières, postiers, avocats… ces gens qui ont l’air fraîchement sortis d’une équipe de France de foot tellement ils sont… vous voyez ce que je veux dire… ces gens qui ont fait, nourri, aimé, construit et considérablement enrichi la France.
Ayant pris sa retraite (vous savez, le truc qu’on n’aura pas) de sportif, Noah devint chanteur. Comme j’ai toujours un train de retard sur le progrès musical (the A Train, pour être précise), je vous fredonnerai, comme ça, spontanément, Saga Africa, ambiance de la brrrrousse parce que ça a le don d’installer l’ambiance, justement. Yannick Noah va faire une série de concerts bientôt, à l’Olympia… à moins que ça ne soit le Zénith… Bercy ? … pas le Stade de France, quand même ! Bref, il va y avoir plein de beaux concerts du beau Yannick et si vous voulez connaître les dates et le lieu, vous n’avez qu’à lire les affiches, dans le métro.
Sur son affiche, Noah est assis en tailleur sur une surface réfléchissante, il se détache d’un fond blanc, ce qui fait qu’en passant comme ça, rapidement, j’ai cru qu’il était assis sur un nuage. Et des mecs assis en tailleur sur un nuage, on est d’accord, il n’y en a pas 30, il n’y en a qu’un, c’est Dieu. Dieu le Père. Le Père Noah, donc. Ne me dites pas que si Dieu ressemblait à Noah ça se saurait et on serait toutes bonnes sœurs, je suis au courant, mais je vous demande de rêver un peu. De croire au Père Noah. De troquer le manteau rouge et blanc, les rennes et le traîneau contre un boxer Sloggi.
C’est bon, vous êtes prêts ? Allons-y !
Mon Dieu, si tu es franco-camerounais, on va être directs, fais quelque chose pour le second tour, un Roland Garros 83, une présidentielle 81. Et puis si VSQ passe, ne te casse pas, reste, prenons le maquis ensemble (on te tricotera des slips en fibre naturelle), on fera des tonnes de choses intelligentes, humanistes et constructives. On réinventera la bonne humeur, la curiosité, l’envie de connaître l’autre, le respect et la solidarité. On fera un domaine où non seulement l’amour sera roi mais l’humain primera sur l’argent, la nature sur la thune, la culture sur le fric, le beau, le bien et le sain sur le rentable. De temps en temps, on enverra à nos frères égarés des mots, oui, en musique si tu y tiens, qui rappelleront que la France est, depuis longtemps, métisse, un mélange de couleurs, et que sinon elle serait chiante et grise comme un trottoir de Paris.